Université de Strasbourg

Conférence publique « Lois mémorielles » par le professeur Nikolay Koposov, en présence du Secrétaire Général adjoint du Conseil de l'Europe, Bjørn Berge

28 mars 2024

Le vendredi 22 mars 2024, le professeur Nikolay Koposov (Georgia Institute of Technology, États-Unis) a donné une conférence publique basée sur son livre « Memory Laws, Memory Wars » (Cambridge University Press 2018). Le Secrétaire Général adjoint du Conseil de l'Europe, Bjørn Berge, a prononcé quelques mots d'introduction sur ce sujet essentiel. 

Voir les remarques du Secrétaire Général adjoint du Conseil de l'Europe, Bjørn Berge

Les lois mémorielles rendent punissables certains récits du passé, comme la négation de l'Holocauste. Elles peuvent avoir pour but de protéger la vérité historique et de sauvegarder les valeurs démocratiques telles que l'équité, la transparence et la justice. Cependant, la législation sur l'histoire risque de saper ces mêmes valeurs, en faisant du passé un champ de bataille pour le présent. 

Les lois mémorielles doivent préciser les faits dont la négation est pénalement sanctionnée. Cela déplace la discussion sur la nature des faits historiques et fait entrer la politique dans l'arène académique de la recherche historique.  

Koposov Berge

Le professeur Koposov a souligné que les démocraties exigent la liberté d'expression. Toutefois, si les mots ont de l'importance et des effets réels, ils peuvent nuire à la démocratie et cette liberté doit donc être limitée. Dans une interprétation perverse, la démocratie peut être utilisée pour tuer la vérité historique elle-même en tant que concept, si chacun estime qu'il a le droit démocratique d'avoir sa propre compréhension du passé. Les sociétés risquent donc de passer du « pluriculturel » au « plurimémoriel ». Ces éléments de post-modernisation sous couvert de valeurs démocratiques ouvrent un large espace aux « politiques de l'histoire ».

Le professeur Koposov a fait valoir que la législation sur la mémoire est efficace dans les régimes autocratiques parce qu'elle renforce une stratégie globale de suppression de la dissidence, alors que dans les démocraties, elle est dans une certaine mesure en contradiction avec ses valeurs clés.

L'histoire comporte inévitablement des éléments d'interprétation, et le reconnaître doit faire partie de la solution. Pour les démocraties, la meilleure stratégie pour empêcher l’utilisation abusive du passé par le présent se trouve dans l'éducation, la connaissance, la réflexion critique, la transparence et le débat. Le Conseil de l'Europe joue un rôle important à cet égard, car ce sont précisément ces valeurs et ces pratiques qu’il promeut et soutient.

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