Université de Strasbourg

Marie Balas

Biographie

Marie Balas

Marie Balas est membre du Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles (LinCS) – UMR 7069 et maîtresse de conférences à la faculté des sciences sociales de l’université de Strasbourg (France), au sein de laquelle elle a été recrutée en 2014.

Pendant plus de dix ans, ses recherches ont croisé sociologie des religions et sociologie politique, et exploré les répertoires de l’engagement associatif et/ou militant dans le catholicisme contemporain. Dans le cadre du projet soutenu par l’USIAS, elle poursuit l’exploration de formes intensives d’engagement tout en inscrivant ses travaux dans la thématique du secourisme en milieu sensible.

Préparée à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris, France), sa thèse a porté sur la communauté italienne de Sant'Egidio, actrice influente de la médiation internationale. L’enquête a reconstitué d’une part l’héritage complexe du Sessantotto dans la carrière politique et ecclésiale du groupe, et d’autre part les conditions de possibilité – et les limites opérationnelles ou politiques – d’une diplomatie non régalienne.

Ces dernières années, Marie Balas s’est intéressée aux processus de politisation consécutifs à la Manif pour tous et aux mobilisations associées. Ses enquêtes se sont centrées sur les répertoires d’action dans l’espace public, en étudiant notamment les appropriations urbaines des activistes et leur matrice idéologique. Affirmant un fort ancrage empirique, ses travaux explorent les apports de l’ethnographie afin d’éclairer des organisations et processus complexes.

Marie Balas a publié dans diverses revues à comité de lecture telles que Politix, Social Compass, Les Champs de Mars ou Terrain. Elle est co-responsable du master Religions, sociétés, espaces publics (ReSEP), membre du conseil d’unité du LinCS, ancienne assesseure scientifique de sa faculté, et siège au comité des experts de sa composante.

Fellowship 2023

Dates - 01/09/2023-31/08/2025

Résumé du projet

S’ENGAGER DANS UN ENVIRONNEMENT COMPLEXE : LE SECOURS EN MONTAGNE SOUS L’ANGLE DU PGHM

Le projet porte sur le secours en montagne et s’intéresse au service historique en ce domaine, les Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM). Institution militaire opérationnelle depuis 64 ans, unité d’élite, les PGHM sont appréhendés comme un double observatoire sociologique. Leur activité est en effet susceptible de documenter, d’une part, les évolutions du milieu montagnard (dérèglement climatique, pratiques de loisir et administration territoriale) ; d’autre part, ils offrent une entrée sur l’engagement intensif dans sa déclinaison régalienne. Si la recherche en sociologie et en anthropologie des institutions militaires bénéficie des travaux stimulants d’une jeune génération, et bien que les PGHM soient une institution fortement publicisée, ils restent très peu documentés en sciences sociales. Le projet souhaite dès lors éclairer un ensemble d’enjeux contemporains liés à l’objet.

Les PGHM témoignent d’une certaine singularité : en vertu d’une identité professionnelle hybride, en premier lieu, qui incorpore tout à la fois la discipline militaire et l’ethos alpiniste. Du fait, ensuite, d’un métier prestigieux recrutant parmi les classes populaires et classes moyennes, offrant une mobilité de statut aussi importante qu’elle est humainement coûteuse. Enfin, l’activité repose sur des missions et savoir-faire très contrastés, qui façonnent les modalités de l’engagement en terrain sensible. À plus grande échelle, les PGHM offrent une entrée inédite sur la complexité de leur contexte d’exercice : par une approche écologique du secours en montagne, le projet souhaite ainsi produire une contribution originale sur la cartographie et les transformations de l’espace montagnard.

Le premier axe de la recherche s’attachera ainsi à restituer les réseaux de partenaires et la configuration au sein de laquelle prend place l’action des PGHM. Le second axe s’attèle à l’engagement des gendarmes de montagne, d’abord par une analyse longitudinale des carrières secouristes ; ensuite, par l’examen ethnographique des pratiques concrètes qui forment l’ordinaire d’une activité marquée par l’adaptation continue et la gestion du risque. L'enquête est ethnographique et inclut une perspective comparative locale et internationale. En s’attachant à l’étude d’un objet jusque-là inexploré, le projet se place à l’intersection de plusieurs branches des sciences sociales : la sociologie du fait militaire, en examinant l’empreinte de l’institution et ses aménagements ; la sociologie du dévouement en contexte extrême ; et à divers titres, la sociologie de la ruralité et les sciences sociales de l’environnement. Sur ce point, l’attention aux jeux d’échelles (du local à l’international) et aux articulations fines qui organisent les relations entre le milieu alpin et ses protagonistes contribuera à asseoir l’apport de l’ethnographie dans l’étude écologique des organisations sociales.

France 2030