Université de Strasbourg

Colloque, 24-25 novembre 2016

La mondialisation des pratiques de gouvernance dans l'enseignement supérieur et la recherche

Globalising Practices in the Governance of Affiche pour atelier Globalising PracticesHigher Education and Research est un programme mettant en relation les recherches dans le domaine de l’enseignement supérieur et des politiques de recherche. Il est construit autour de trois cas, qui ensemble permettent d'éclairer la manière dont les pratiques dominant actuellement la gouvernance scientifique se propagent dans le contexte européen et au-delà. Les cas étudiés sont : le rôle de l'ESF dans la diffusion des pratiques de gouvernance, le développement des classements mondiaux dans l'enseignement supérieur, et enfin l'évolution de la concurrence dans le financement de la recherche fondamentale au sein de l'Espace européen de la recherche.

Le professeur Benedetto Lepori (université de Lugano) ouvrira le colloque avec une présentation d'introduction ouverte au public.

Ce colloque fait partie du projet de recherche conjoint USIAS de Merle Jacob (université de Lund), Dietmar Braun (université de Lausanne) et Niilo Kauppi (CNRS Strasbourg et Academy of Finland).

 

Programme du colloque

Conférence : Universités américaines et européennes : séparées par l'argent ?

Les différences importantes de production scientifique et de réputation internationale entre les meilleures universités des État-Unis et d'Europe sont connues, et illustrées par exemple dans les classements internationaux en matière de recherche. L'une des hypothèses actuelles explique ces divergences par des pratiques distinctes de gouvernance et de financement, le système américain encourageant plus la concurrence et la différenciation, et concentrant le financement dans les universités les mieux classées. Dans son discours d'introduction, le professeur Lepori présentera une analyse empirique de ces différences. En comparant les données de l'US Integrated Post-secondary Education Data System (IPEDS : http://nces.ed.gov/ipeds/) et de l'European Tertiary Education Register dataset (ETER : www.eter-project.com), enrichies par les données bibliométriques du classement de Leiden, il est possible de présenter une analyse ventilée des différences de caractéristiques et de niveau de financement entre chaque établissement d'enseignement supérieur des deux systèmes. Cette analyse, qui permet d'aller au-delà des études fondées sur les données agrégées et les moyennes, se concentre sur les différences de distribution au sein des deux systèmes ainsi que d’autres variables pertinentes.

Elle révèle ainsi un système complexe de différences touchant à plusieurs dimensions. En effet, si le système américain est plus diversifié en termes de statuts institutionnels et de types d'établissements d'enseignement supérieur, en Europe les universités sont à la fois au cœur de la recherche et de l'enseignement. En ce qui concerne les activités, le système américain est plus distribué en termes d'éducation que le système européen, mais bien plus concentré en termes de recherche. Par ailleurs, nous mettons en évidence deux différences essentielles dans le système de financement : tout d'abord, la diversité de ses sources aux États-Unis (États, bourses de recherches fédérales, mécénat, frais de scolarité), qui contraste avec le système européen où prédomine le financement gouvernemental ; ensuite, la concentration bien plus importante des fonds dans les meilleures universités américaines, dont le budget est plusieurs fois supérieur à celui des universités européennes les mieux dotées. Nous démontrons également que le volume des résultats de recherche (mesuré en publications scientifiques) augmente de manière quasi-linéaire avec le volume de financement, alors que la réputation (mesurée en citations) croît plus que proportionnellement, ce qui implique qu'une plus grande concentration de fonds est associée à une meilleure réputation internationale. Nous débattrons de l'intérêt de ces découvertes pour les politiques publiques.

Conférencier : Benedetto Lepori

B LeporiLe professeur Benedetto Lepori est titulaire d'un doctorat en sciences de l'information et de la communication de l'université de Lugano (2004). Il a rédigé sa thèse sur la politique de recherche et d'enseignement supérieur de la Suisse. Il est professeur titulaire de la faculté des sciences de la communication et de l'InterDisciplinary Institute of Data Science (IDIDS) de l'université de Lugano. Il est également Directeur du service de recherche de l'université et de la Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana.

Ses domaines de recherche couvrent de nombreux thèmes relatifs à la recherche et à l'enseignement supérieur. Il est un spécialiste reconnu de l'analyse des politiques de recherche, et plus spécifiquement du financement public de la recherche. Dans ce domaine, il a coordonné le projet PRIME sur le financement public de projets, et a participé à la coordination de l'European Contract on Joint and Open Programs (JOREP). Il bénéficie également d'une longue expérience des indicateurs et de la gouvernance de l'enseignement supérieur. En effet, il a pris part à PRIME-AQUAMETH ainsi qu'au projet de collecte de microdonnées EUMIDA, et est actuellement coordinateur de l'European Tertiary Education Register (ETER). Il était également Président de la série de conférences de l'European Network of Indicator Designers, et est actuellement membre du Comité de coordination du projet RISIS de développement d'infrastructures de recherche pour l'étude des politiques de recherche. De manière plus générale, ses recherches se concentrent sur la gouvernance dans l'enseignement supérieur, la gestion des universités et la théorie des indicateurs en matière de science et de technologie.

Il a publié de nombreux articles sur ces thèmes dans des revues scientifiques comme Organization Studies, Research Policy, Science and Public Policy, Research Evaluation, Evaluation, Journal of Informetrics, Scientometrics, Higher Education et Studies in Higher Education.

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