Strasbourg, laboratoire de la modernité
Strasbourg, laboratoire de la modernité (1880-1930) : nouvelles perspectives pour l’explication et la présentation d’un patrimoine artistique contesté entre France et Allemagne
USIAS Fellow : Alexandre Kostka
Post-doctorante : Anne Doris Mayer
Cette recherche vise à établir un dialogue transdisciplinaire entre l’histoire de l’art, l’histoire culturelle, l’histoire médicale et l’histoire militaire pour la période cruciale au cours de laquelle la capitale du Reichsland Elsass-Lothringen, reprise par la France après 1918, a servi de « laboratoire » à l’Allemagne et à la France. Chacun de ces pays a investi l’espace urbain pour présenter ses aspirations à l’hégémonie culturelle en Europe. Alors que certaines approches précédentes ont plutôt insisté sur l’aspect nationaliste et propagandiste des politiques culturelles mises en œuvre par les musées, l’université et différents projets d’architecture et d’urbanisme, ce projet entend montrer que les méthodes d’investigation utilisées avaient également un effet performatif, tendant à « construire » (non nécessairement de manière totalement inconsciente) les différences qu’elles entendaient établir entre les aspects « allemands » et « français ». Il importe donc de reconnaitre la nature particulière du patrimoine culturel à Strasbourg en tant que complexe sémantique disputé (un « héritage contesté », selon l’expression de J. Tunbridge), et de localiser la ville en tant qu’« espace » spécifique (une « géographie de savoir », D.N. Livingstone, C. Jacob), dans lequel s’effectuent des négociations complexes entre des autodéfinitions culturelles et des projections identitaires concurrentes. Mené en étroite coopération avec les Musées de Strasbourg, qui préparent actuellement une exposition sur le passé partagé de la capitale alsacienne, ce projet associe universitaires et conservateurs de musées de Strasbourg, Berlin, Paris et Munich ainsi que d’autres villes, et cherche à enrichir les collections patrimoniales de la ville en établissant des liens qui, dans de nombreux cas, ont été interrompus par les circonstances historiques.