Rachel Mundy & Marion Thomas
Biographie - Rachel Mundy
Rachel Mundy est professeure associée au sein du département Arts, Culture et Médias de l'université Rutgers-Newark (États-Unis). Elle étudie l'histoire du chant non humain et animal afin de comprendre comment la musique a défini les notions modernes de droits, de vie et de valeur. Ses recherches abordent des questions issues des domaines des études sonores, de la musicologie, des études animales, de l'histoire des sciences, de l'histoire postcoloniale et de l'histoire environnementale.
Elle a obtenu son doctorat en musicologie historique à l'université de New York en 2010 et a déjà bénéficié de bourses de l'American Musicological Society, de l'université Columbia, du National Endowment for the Humanities et du Center for Cultural Analysis de l'université Rutgers.
Depuis le XIXe siècle, la pratique musicale est considérée en Occident comme la preuve de l'existence d'une « âme » intérieure. Elle occupe donc une place fondamentale dans les discours modernes sur la personnalité et l'identité humaine. Rachel Mundy explore ces concepts à travers des cas qui établissent un lien entre les droits humains et les voix animales. Son premier ouvrage, Animal Musicalities (Wesleyan, 2018), est considéré comme ayant introduit un « tournant animal » dans le domaine des études musicales.
Son deuxième ouvrage, sur lequel elle travaillera en collaboration avec des professeurs de l'université de Strasbourg au cours de l'année 2025-2026, illustrera comment les zoologistes étasuniens et européens ont utilisé leurs compétences en écoute musicale pour promouvoir les droits des animaux dans les années 1970 et 1980. Plus largement, elle s'intéresse à la manière dont les débats fondamentaux sur la façon dont la musique définit les droits, la vie et la valeur ont changé les valeurs de l'humanisme à l'ère du changement climatique mondial.
Au cours de son Fellowship USIAS, elle sera accueillie au sein de l’unité Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE) de l’université de Strasbourg.
Fellowship 2025
Dates - 01/09/2025-31/08/2027
Biographie - Marion Thomas
Marion Thomas est maîtresse de conférences en histoire des sciences à l’université de Strasbourg, dans l’unité Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE). Elle est spécialisée dans l’histoire des sciences de la vie, en particulier le comportement animal et la primatologie (en se concentrant sur l’intelligence animale, l’instinct maternel animal et les sociétés animales), et plus récemment sur l’histoire animale.
Ingénieure agronome de formation initiale, elle a ensuite obtenu un doctorat en histoire des sciences à l’université de Manchester (Royaume-Uni) en 2003. En octobre 2022, elle a soutenu une habilitation à diriger des recherches à l’université de Strasbourg. Elle a été membre de la School of Historical Studies à l’Institute for Advanced Study, à Princeton (2019-2020), chercheuse invitée au Max-Planck-Institute für Wissenschaftgeschichte, à Berlin (mars 2015), ainsi qu’à la Maison française d’Oxford (mai-juillet 2021).
Marion Thomas travaille actuellement sur un projet qui examine la place des primates dans les sciences médicales et psychologiques au XXe siècle. Ce projet a pour objet l’Institut Pasteur de Kindia, fondé par le bactériologiste Albert Calmette en Guinée française en 1922, et destiné à devenir un laboratoire de pointe en matière d’expérimentation médicale et de recherche psychologique sur les singes. Une étude détaillée de la circulation des singes et des connaissances entre Paris, la Guinée et les États-Unis vise à réévaluer le fonctionnement de l’Institut Pasteur au cœur de la biomédecine. Envisageant la possibilité d’une histoire des laboratoires Pasteur coloniaux et métropolitains centrée sur l’animal, ce projet vise également à jeter un nouvel éclairage sur les courants transnationaux, culturels et scientifiques par lesquels les primates non-humains ont circulé au XXe siècle, ainsi qu’à interroger le rôle de la race, du genre et du colonialisme dans l’histoire de la médecine.
Ses travaux sur l’histoire de la biologie, la primatologie et la psychologie animale ont été publiés dans des revues scientifiques telles Studies in History and Philosophy of Biological and Biomedical Sciences, Historical Studies in the Natural Sciences, Journal of the History of the Behavorial Sciences et Journal of the History of Biology.
Résumé du projet
VOIX ANIMALES ET MESURE DE LA PERSONNALITE : SCIENCE COLONIALE, CONSERVATION ET FONDEMENTS DE L'ETHIQUE MODERNE, 1920-2000
Dans le cadre de ce projet, une historienne de la musique de l'université Rutgers-Newark (Rachel Mundy) et une historienne des sciences de l'université de Strasbourg (Marion Thomas) collaboreront pendant deux ans (2025-2027) afin d'étudier comment les attitudes coloniales à l'égard des espèces, de la race et du genre ont influencé les études scientifiques sur les animaux et leurs vocalisations. S'appuyant sur l'expertise de Marion Thomas en histoire de la médecine et celle de Rachel Mundy en musicologie, le projet donnera lieu à la rédaction de deux monographies connexes, à la mise en place d'un cours dispensé en équipe qui réunira des étudiants de Rutgers-Newark et de l'université de Strasbourg en 2027, ainsi qu'à l'organisation d'un petit atelier sur les voix, les animaux et la science en avril 2026 et 2027.
Les études sur la musique et le langage non humains font depuis longtemps l'objet d'un débat intense afin de déterminer qui peut revendiquer la capacité à ressentir, le statut de la personne et les droits. Pourtant, certaines des recherches les plus intéressantes dans ce domaine ont été menées par des femmes et des sujets coloniaux qui se trouvent eux-mêmes dans des situations en marge de ce que peut définir la modernité. Afin de mieux entendre leurs contributions, nous avons adopté une approche collaborative et interdisciplinaire qui s'appuie sur notre expertise en histoire de la musique, en histoire des sciences et en études animales. L’un de nos objectifs est d’explorer les implications sociales, politiques et philosophiques d'un siècle au cours duquel l'écoute des animaux a (re)défini les frontières entre monde humain et monde naturel. En travaillant ensemble afin d’explorer la manière dont les voix et les corps des animaux s’incrivent en lien avec des débats plus larges sur les droits et le statut de la personne, nous espérons fournir une base historique pour repenser les relations éthiques avec « l'Autre », à l'heure de la crise écologique.