Marie-Sophie Winter
Biographie
Germaniste médiéviste, Marie-Sophie Winter est maîtresse de conférences au sein du département d’allemand de l’université de Picardie Jules Verne (France) et membre du laboratoire Textes, représentations, archéologie, autorité et mémoire de l’Antiquité à la Renaissance (TrAme). Dans le cadre de son Fellowship USIAS, elle sera accueillie par le professeur Thomas Mohnike au sein de l’unité de recherche Mondes germaniques et nord-européens (MGNE) de l’université de Strasbourg.
Ses recherches et publications portent sur les échanges littéraires entre domaines francophone et germanophone du XIIe au XVIe siècle, dans une perspective qui croise les approches poétique, codicologique et interculturelle.
Ancienne élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (France), agrégée d’allemand, elle est l’autrice d’une thèse sur les romans médiévaux inspirés de l’Antiquité (La description dans les récits d’Antiquité allemands, Paris, 2004). Son habilitation à diriger des recherches, soutenue en 2017 en Sorbonne, a donné lieu à la publication de l’ouvrage Translations de l’œuvre médiévale (XIIe–XVIe siècles), paru à Wurtzbourg (Allemagne) en 2020. Ancienne lauréate de la fondation allemande Alexander von Humboldt (2015–2017), elle a été professeure invitée aux universités de Stuttgart (2014–15, 2018), de Berlin (2019) et de Karlsruhe (2020–2022). Elle a co-dirigé des ouvrages collectifs aussi bien en France qu’en Allemagne, dernièrement sur l’auteur « classique » allemand qu’est Hartmann von Aue (avec Margreth Egidi et Markus Greulich : Hartmann von Aue 1230–1517).
Attachée à la dimension interculturelle des études médiévales et aux activités de diffusion du savoir, Marie-Sophie Winter a coorganisé en 2022, avec Mathias Herweg, un cycle franco-allemand de manifestations sur la poésie médiévale amoureuse (« Amour fou »), et elle s’exprime sur les études médiévales en France et en Allemagne dans un podcast de l’université de Bochum.
Fellowship 2023
Dates - 01/09/2023-31/08/2024
Résumé du projet
ARTÉFACTS MÉDIÉVAUX SOUS TOUTES LEURS COUTURES : NOUVELLES PERSPECTIVES DE RECHERCHE SUR LES RECUEILS MANUSCRITS DE LANGUE ALLEMANDE
L’élaboration de recueils manuscrits – on entendra par ce terme les manuscrits comportant plus d’un texte – est un phénomène culturel central du Moyen Âge tardif européen. Leur émergence coïncide avec une tendance épistémique et esthétique à la compilation et à la totalisation, qui s’accroît à partir du XIIIe siècle ; elle participe en outre à une évolution générale de la production livresque, qui tend alors à devenir une activité économique et lucrative. Ces recueils rassemblant des textes en latin ou en langues vernaculaires ont bénéficié dans la recherche d’une attention renouvelée ces trois dernières décennies. Néanmoins, et en particulier pour le domaine allemand, les études se sont jusqu’à présent concentrées sur les recueils de textes narratifs brefs (fabliaux notamment).
Le présent projet prend pour objet les manuscrits en langue allemande colligeant des textes « longs », tout en visant à renouveler l’approche de ces recueils. À cette fin, la méthode mise en œuvre allie la codicologie – plus précisément la codicologie structurale –, une approche poétique comparative et la perspective des études culturelles. Elle exploitera en outre les possibilités ouvertes par les humanités numériques et l'interdisciplinarité, en adéquation avec le cadre offert par le laboratoire d’accueil « Mondes germaniques et nord-européens ». Sur ce fondement, le projet comportera deux volets : d’une part, une étude de cas du manuscrit 2119 de la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg ; d’autre part, un ouvrage collectif sur les recueils manuscrits de langues allemande, scandinaves et néerlandaise.
Les résultats obtenus seront diffusés au sein de la communauté scientifique internationale par le biais de publications imprimées et électroniques en trois langues ; ils seront également visualisés à l’aide de la plateforme numérique OCTANT développée à l'université de Strasbourg, et diffusés auprès d’un public plus large par le biais de contributions au blog de la BNU. En proposant une vision holistique et interculturelle des recueils manuscrits médiévaux considérés comme « artéfacts », le projet a pour objectif de contribuer à une vision large des processus de transmission des textes dans les aires culturelles germanique et nordique, et de ce fait à une compréhension globale de la production livresque dans l'Europe prémoderne.