Symposium Annuel 2024
Jeudi 21 novembre 2024, 15:00-16:30
Salle de conférence, ISIS, Strasbourg (accès)
Le symposium est ouvert au public et la conférence sera donnée en anglais.
L'avenir de la chirurgie
Le conférencier du symposium de cette année est Jacques Marescaux, professeur en chirurgie, président fondateur de l'Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (IRCAD, Strasbourg) et titulaire de la Chaire de Chirurgie mini-invasive guidée par l'image à l'USIAS. Le professeur Marescaux est bien connu pour son travail pionnier dans le domaine de la chirurgie mini-invasive, qui permet d'exploiter pleinement le potentiel des nouvelles technologies, et pour avoir créé un système mondial d'instituts de formation permettant d'acquérir les compétences nécessaires dans ce domaine en rapide évolution.
Dans sa conférence, le professeur Marescaux abordera l'impact révolutionnaire de l'intelligence artificielle sur la chirurgie et le système de santé.
Le symposium sera également l'occasion de présenter les nouveaux Fellows 2024, ainsi que les nouvelles Chaires associées de l’USIAS.
Programme
15:00 | Mots d'ouverture et présentation des Fellows 2024 par Thomas Ebbesen, directeur de l'USIAS |
15:20 | Conférence par Jaques Marescaux, président fondateur de l'IRCAD |
16:10 | Questions et discussion |
16:30 | Fin |
Conférence - Comment les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle vont révolutionner la chirurgie
Le premier modèle d'apprentissage automatique - le Perceptron de Frank Rosenblatt - a été développé en 1957. Cependant, ce n'est qu'en 2014, lorsqu'un programme informatique est parvenu à surpasser le champion du monde de jeu de Go, que l'enthousiasme pour l'application de l'intelligence artificielle s'est vraiment répandu, y compris dans le domaine des soins de santé.
L'intelligence artificielle (IA) a déclenché la plus importante révolution dans le domaine de la chirurgie en l'espace de quelques années seulement. Si l'on considère que la chirurgie ne se limite pas à l'acte chirurgical, mais qu'elle est constituée d'une succession d'étapes définissant le flux de travail du patient (diagnostic, stratégie, planification, simulation, acte chirurgical, résultats postopératoires), l'IA a incontestablement transformé la prise en charge du patient à tous les stades de la chirurgie.
Elle a notamment joué un rôle clé dans le diagnostic automatique précoce des tumeurs malignes, permettant une approche chirurgicale totalement innovante et de moins en moins invasive. L'utilisation de l'IA en chirurgie vise à offrir la meilleure solution, adaptée à chaque patient, en passant de l'évaluation personnelle du chirurgien à l'analyse automatique et rapide de milliers de points de données.
La planification chirurgicale, qui était relativement peu standardisée, voire inexistante, devient de plus en plus courante grâce à l'utilisation de logiciels de reconstruction en 3D, qui permettent de visualiser le « clone numérique » du patient. Une fois ce clone numérique du patient ou de l'organe à opérer créé, il devient possible de simuler la procédure chirurgicale, ce qui garantit une plus grande sécurité. Tous ces outils préopératoires conduisent à l'exécution d'une procédure chirurgicale idéale. Là encore, l'intelligence artificielle peut reconnaître automatiquement des repères anatomiques, envoyer des alertes au chirurgien et ainsi éviter d'endommager les structures vitales à préserver.
Enfin, l'IA révolutionne la prise en charge postopératoire des patients. En effet, depuis le développement du concept de récupération améliorée après chirurgie (RAAC), qui exige que les patients sortent de l'hôpital dans les 48 heures, le défi consiste à maintenir une surveillance stricte des patients à distance. Ceci peut être réalisé grâce à des « patchs connectés » qui peuvent transmettre les paramètres vitaux vers le cloud et assurer un suivi supérieur à celui effectué à l'hôpital.
Toutes ces innovations apportées par l'introduction de l'intelligence artificielle dans les salles d'opération permettent d'imaginer l'émergence d'une chirurgie entièrement automatisée dans un avenir proche, à l'image de l'évolution des industries aéronautique et automobile.
Biographie - Jacques Marescaux
Le professeur Jacques Marescaux est fondateur et président de l'Institut de recherche contre les cancers de l’appareil digestif (IRCAD), et titulaire de la Chaire de Chirurgie mini-invasive guidée par l'image à l'USIAS.
L'IRCAD est un institut unique dans lequel chercheurs, ingénieurs informaticiens, roboticiens et experts chirurgicaux internationaux collaborent maintenant depuis plus de 30 ans. Depuis sa création, l'IRCAD a participé à de nombreux travaux visant à optimiser l'utilisation des robots.
Le professeur Marescaux n'est pas seulement un pionnier dans la recherche et le développement de nouvelles technologies chirurgicales, mais aussi dans leur utilisation. En 2001, il réalise une première mondiale en télé-chirurgie en opérant depuis New York une patiente qui se trouvait à Strasbourg, dénommée « l'Opération Lindbergh ». En 2007, il est également le premier chirurgien au monde à opérer une personne sans laisser de cicatrice cutanée et musculaire, en ôtant la vésicule biliaire d'une patiente par une voie naturelle.
Face au succès du concept de l'IRCAD, Jacques Marescaux a créé l'IRCAD Taïwan en 2008, puis des centres et instituts miroirs dans l'État de São Paulo et à Rio de Janeiro (Brésil), à Beyrouth (Liban), Kigali (Rwanda), Wuxi (Chine) et à Indore (Inde) entre 2011 et 2024. L'ouverture de l'IRCAD Amérique du Nord est prévue pour 2025. A l’exception de l'Institut Pasteur, l'IRCAD se distingue en tant que seul institut de recherche français solidement implanté sur tous les continents.