Université de Strasbourg

Brigitte Kieffer

Chaire Paul Ehrlich (2022-2024)

Brigitte KiefferBrigitte Kieffer est directrice de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et a passé la majeure partie de sa carrière au sein de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) de l’université de Strasbourg. Elle a également été professeure invitée à l'université de Californie à Los Angeles (1998-2006), et professeure titulaire à l’université McGill de Montréal (Canada) de 2014 à 2019.

La consommation d'opium et d’héroïne ainsi que l’usage abusif d'opioïdes médicinaux sont depuis plusieurs siècles au cœur de défis sociétaux. Brigitte Kieffer est internationalement reconnue pour ses recherches sur les récepteurs opiacés : en effet, son groupe a isolé le premier gène codant pour un récepteur aux opiacés, ouvrant le champ d’exploration des mécanismes moléculaires qui sous-tendent les comportements contrôlés par les opioïdes. Sa dissection génétique du système opioïde a démontré que les propriétés analgésiques inégalées de la morphine, ainsi que son fort potentiel addictif, sont médiés par le récepteur opioïde mu. Elle a prouvé que ce récepteur est également responsable des mécanismes de récompense liés à la consommation de la plupart des drogues illicites, ainsi que de la récompense sociale. Brigitte Kieffer a en outre identifié les circuits cérébraux dans lesquels le récepteur agit pour faciliter la récompense, réduire les états aversifs ou médier les effets négatifs de la dépendance aux opiacés et du sevrage. Son groupe a également découvert qu'un autre récepteur opioïde, le récepteur opioïde delta, a une action anxiolytique et anti-dépressante, ce qui a conduit à des essais cliniques sur les agonistes delta pour le traitement des troubles dépressifs majeurs. Elle a été la première à visualiser directement les récepteurs opioïdes dans le cerveau, ouvrant ainsi la voie à la localisation des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) avec une résolution subcellulaire in vivo. Ses travaux ont des implications pour la recherche sur la douleur, la dépendance et les troubles de l'humeur, et plus largement pour les neurosciences et la psychiatrie.  

Brigitte KiefferLa professeure Kieffer est devenue membre junior de l'Institut de France en 1994, membre de l'EMBO (European Molecular Biology Organization) en 2009 et a été élue membre de l'Académie française des sciences en 2013. Elle a reçu plusieurs prix de cette dernière : le prix Jules Martin (2001), le prix Richard Lounsbery, décerné conjointement avec la National Academy of Sciences des États-Unis (2004), et le grand prix Lamonica de neurologie (2012). Elle a été lauréate 2014 pour l'Europe du prix international L'Oréal-UNESCO pour les femmes et la science. Elle a été nommée Chevalière de l'Ordre national français de la Légion d'honneur (2012), et Officière de l'Ordre national du mérite (2017). Brigitte Kieffer a publié environ 300 articles originaux dans des revues internationales à comité de lecture, écrit plus de 50 comptes rendus et chapitres de livres, et présenté plus de 200 conférences invitées dans le monde entier.

Plus d’informations et contact

Leçon inaugural

 Le 1er juin 2023, le professeur Kieffer a donné sa leçon inaugurale en tant que Chaire Paul Ehrlich, intitulée « Le cerveau sous opiacés : pour le meilleur et pour le pire ». En savoir plus sur le thème de la leçon, ou visionner la vidéo :

La Chaire Paul Ehrlich

La Chaire Paul Ehrlich de sciences de la vie a été créée en 2022. Elle constitue l’une des trois chaires temporaires d’une durée de deux ans, spécifiquement créées à l’attention de chercheurs strasbourgeois ayant apporté une contribution exceptionnelle dans leur domaine. Cette Chaire a été nommée en l’honneur de Paul Ehrlich (1854-1915), un physicien et scientifique allemand qui a étudié à Strasbourg et est largement reconnu pour ses recherches dans les domaines de l'hématologie, de l'immunologie et de la pharmacologie. Connu en tant que père de la chimiothérapie, il a reçu le prix Nobel 1908 de physiologie ou médecine pour ses contributions à l’immunologie. Il est le fondateur de l’actuel Institut Paul Ehrlich, un institut fédéral allemand dédié aux vaccins et aux biomédicaments.

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