Université de Strasbourg

Séminaire Fellows – L'hypothèse de la révolution israélite

Le 25 novembre 2021
De 15h30 à 17h00
Strasbourg (FR)

Image CCXpistiavos / Pixabay

Par Jacob Rogozinski, Fellow 2018

Dans le projet que j'ai présenté à l'USIAS, Pour une herméneutique de l'émancipation : le paradigme de l'Exode, je partais de l'hypothèse que les trois monothéismes se sont constitués originairement comme des mouvements d'émancipation. Dans cette perspective, je désirais engager une recherche sur le récit fondateur du judaïsme qui raconte la libération des asservis hébreux par Moïse. On peut y voir un « paradigme de politique révolutionnaire » qui allait réapparaître dans différents mouvements d'émancipation. J'annonçais au préalable que je n'aurais pas recours aux méthodes de la critique historique, mais à une approche herméneutique centrée sur les textes de la Bible.

Or, la mise en œuvre du programme m'a conduit à modifier ma démarche initiale. J'ai décidé en effet de faire appel aux découvertes récentes des archéologues et des historiens. Celles-ci montrent : (1) que des soulèvements contre l'occupation égyptienne de Canaan ont eu lieu du -XIVe au -XIIe siècles, conduits par des rebelles appelés les Habirou – (2) qu'il existait à cette époque des communautés nommées Israël qui avaient quitté les villes pour mener un mode de vie égalitaire – (3) que, après le départ des occupants égyptiens, plusieurs cités cananéennes ont été détruites par des insurrections – (4) que le culte d'un dieu appelé « YHVH » n'est pas attesté en Canaan avant cette période.

J'ai donc été amené à adopter l'hypothèse d'une révolution israélite qui se serait accompagnée d'une révolution religieuse, de l'introduction d'un dieu nouveau présenté comme le libérateur des asservis. C'est cette révolution qui a été présentée de manière déformée dans la tradition comme un « exode » hors d'Égypte vers une « terre promise ».

France 2030