Université de Strasbourg

Nourane Ben Azzouna

Biographie

Nourane Ben AzzounaNourane Ben Azzouna est maîtresse de conférences en histoire de l’art du monde islamique à l’université de Strasbourg et membre de l’UMR 7044 – Archéologie et histoire ancienne : Méditerranée – Europe (ArcHiMèdE).

Ses recherches portent sur l’histoire de l’art du monde islamique médiéval. Elle est spécialiste du « Moyen-Orient » (Iraq-Iran), mais ses travaux s’intéressent également aux questions transculturelles, en particulier aux relations entre le monde islamique et la Chine, et entre le monde islamique et l’Europe, à l’époque médiévale. Ses principaux centres d’intérêt sont les arts du livre, la calligraphie et l’image.

Après un doctorat en histoire de l’art à l’École pratique des hautes études à Paris (EPHE-PSL) en 2009, c’est au sein de l’Agence France Muséums (AFM) et de l’équipe chargée de la conception du projet scientifique et culturel du Louvre Abu Dhabi que la Dre Ben Azzouna a commencé à s’intéresser à la transculturalité (2009-2013). Elle a ensuite été maîtresse de conférences contractuelle à l’université de Vienne en Autriche (2013-2016), avant de rejoindre l’université de Strasbourg en 2016, et d’être accueillie en délégation au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en 2023-2024. La double perspective de la recherche universitaire et de la culture muséale a ainsi profondément marqué son parcours et n’a cessé de nourrir sa vision de son domaine de spécialité.

À côté de plusieurs ouvrages et directions d’ouvrages sur les arts du monde islamique, en particulier Aux origines du classicisme : calligraphes et bibliophiles au temps des dynasties mongoles (Les Ilkhanides et les Djalayirides, 656-814 H./1258-1411) (Brill, 2018) qui a été récompensé par une mention honorifique du Middle East Librarians Association en 2021, elle a dirigé un projet de recherche et d’exposition sur les cultures matérielles islamiques à Strasbourg et en Alsace (prix Guy Ourisson du Cercle Gutenberg 2019), et elle dirige actuellement un axe de recherche sur la calligraphie en caractères arabes en Chine au sein d’un projet financé par l’Agence nationale de la recherche (« CallFront »). Elle est également membre du comité scientifique de plusieurs séries éditoriales, revues et projets de recherche, de musée et d’exposition.

Fellowship 2024

Dates - 01/09/2024-31/08/2026

Résumé du projet

L'IMAGE DANS LE MONDE ISLAMIQUE : VERS UNE APPROCHE NUMÉRIQUE

L’image dans le monde islamique est un sujet de recherche et d’actualité médiatique à la fois. C’est un sujet de recherche qui s’inscrit dans le temps long. La première « Dissertation critique » consacrée à « cette question, si les figures d'hommes et d'animaux sont défendues dans l'Alcoran » a été publiée en 1789. « Cette question » a ensuite reçu un nom, le « Bilderverbot », et a été abordée de plusieurs points de vue différents : celui du Coran, mais aussi du Hadith – les Traditions du Prophète Muhammad – du droit, de la numismatique, de l’histoire de l’art…. Ce sujet suscite pourtant encore autant de confusion, d’incompréhension, et parfois de passages à l’acte. Ainsi, le XXIe siècle s’est ouvert par la destruction de statues colossales de Bouddhas à Bamiyan, en Afghanistan, par le régime des Talibans, et est régulièrement secoué d’attaques, en particulier contre des journalistes et des enseignants qui diffusent des images de figures saintes en islam, qu’elles soient caricaturales ou non.

Ce projet a pour objectif de répondre à ce double défi, scientifique et sociétal. Si l’on examine l’historiographie de « la question de l’image » ou du « Bilderverbot » en islam, le corpus qui a été le moins étudié est précisément celui des images islamiques. Les sources textuelles (religieuses, juridiques, historiographiques etc.) ont été analysées de manière plus ou moins systématique, tandis que les sources visuelles, autrement dit les images produites dans le monde islamique n’ont, dans le cadre de ces études, été publiées que de manière sélective. Cette lacune s’explique d’abord par le format des publications traditionnelles. Le format imprimé, par définition, ne permet que la publication d’une sélection d’illustrations. Mais cette approche s’explique aussi par un paradigme qui voit l’image dans le monde islamique comme une anomalie, ou une exception à la soi-disant règle du Bilderverbot. C’est précisément pour cette raison que ce projet entend traiter la question de l’image dans le monde islamique au moyen des technologies numériques.

Le projet soutenu par l’USIAS consiste à réaliser l’étude préliminaire en vue d’un projet de plus grande envergure. Il s’agit de créer un consortium de chercheurs travaillant sur l’image dans le monde islamique et d’institutions qui conservent des œuvres représentationnelles islamiques afin de mener une réflexion commune sur les conditions juridiques, philologiques, techniques et éthiques d’un outil numérique sur les images dans le monde islamique. La réflexion portera sur trois axes principaux : 1- la création d’un outil de recherche par « vision par ordinateur » (computer vision) ; 2- la spatialisation des données ; 3- la création d’une bibliothèque numérique. Ces outils ont pour ambition de passer du paradigme de l’exception à une analyse des images comme un langage à part entière des sociétés islamiques. 

France 2030