Université de Strasbourg

Anne Giersch

Biographie

Anne GierschAnne Giersch a suivi des études de médecine, s’est spécialisée en psychiatrie, puis s’est formée à la recherche. Elle est directrice de recherche à l’Inserm et dirige l’équipe Psychiatrie de l’unité Neurosciences & psychiatrie translationnelles de Strasbourg (STEP).

Après un master en neurosciences effectué en parallèle de ses études de médecine, elle a réalisé une thèse de sciences à Strasbourg, puis un post-doctorat à Tübingen (Allemagne), qui l’ont formée à la psychophysique, aux mystères de la perception visuelle et à la psychopharmacologie. Elle a été recrutée comme chercheuse Inserm à Strasbourg en 1998.

Au fil d’études sur la perception visuelle dans la schizophrénie, et du travail avec Yvonne Delevoye-Turrell sur l’action motrice, elle s’est interrogée sur le décours temporel de la perception chez les patients. Depuis un peu plus de 15 ans, elle explore la question de la continuité du temps, liée depuis longtemps à celle du sens de soi. Elle a émis l’hypothèse que c’est une sensibilité excessive à de petites asynchronies qui perturbe le passage du temps chez les patients.

En réfléchissant aux sources des asynchronies dans la vie quotidienne, et grâce à une suggestion de Pierre Marquet, elle s’est intéressée au système vestibulaire. Elle a découvert les travaux de Christophe Lopez sur les troubles du sens de soi dans les syndromes vestibulaires, et a rencontré la professeure Anne Charpiot et son service sur les troubles vestibulaires aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg.

Fellowship 2024

Dates - 01/10/2024-30/09/2026

Résumé du projet

TROUBLES DU SOI CORPOREL : RÔLES DU SYSTÈME VESTIBULAIRE, DE L'ACTION VOLONTAIRE ET DE LA PERCEPTION DU TEMPS

Le sens de soi corporel est à la fois une évidence et un mystère. Il est évident que nous n’avons qu’un seul corps, malgré de multiples sources d’informations corporelles : le tact, la position du corps, les informations cardiaques, intestinales, et d’autres encore. Comment ces informations multiples sont attribuées à une source unique, et pourquoi le sens de soi corporel est parfois perturbé restent un mystère. La multiplicité des sources d’information signifie que le sens de soi pourrait différer selon les individus, particulièrement en cas de pathologie, mais aussi qu’il est difficile à mesurer : quelle source d’informations corporelles explorer ? Comment mesurer un sens difficile à décrire verbalement ?

Certains patients souffrant de troubles du sens de soi corporel décrivent des troubles quand ils se déplacent. Le projet explore la distinction entre le mouvement lié à son propre déplacement et le vrai mouvement de l’environnement : chaque fois que l’on se déplace, les informations de l’environnement se déplacent en miroir sur notre rétine, et il faut distinguer ce mouvement (lié à soi) du mouvement des objets de l’environnement. Cette situation revient à faire une distinction entre soi et non-soi, et une perturbation de cette distinction peut brouiller le sens de soi. Plusieurs mécanismes interviennent, et le projet consiste à distinguer le rôle des informations vestibulaires de la perception du mouvement, ainsi que les mécanismes mobilisés en cas de mouvement volontaire. Pour mieux mettre en évidence les différences interindividuelles, plusieurs pathologies sont explorées : la schizophrénie, le syndrome vestibulaire et les troubles de la personnalité limite ; en effet, des troubles du sens de soi corporel sont observés dans toutes ces pathologies. L’approche repose sur des méthodes de psychologie expérimentale, des techniques de mesure et d’induction du mouvement corporel. La réalité virtuelle sera utilisée pour comprendre comment les mouvements liés à soi sont distingués des vrais mouvements dans un environnement dynamique dans le temps. Les manipulations expérimentales et leur effet chez les personnes qui participent à l’étude permettront de comprendre comment différents mécanismes interagissent et participent au sens de soi corporel. Elles permettront aussi de mieux comprendre les causes des troubles du sens de soi, et ouvriront ainsi des perspectives thérapeutiques nouvelles.

France 2030