Université de Strasbourg

Meghan Roberts

Biographie

Meghan Roberts

Meghan Roberts est professeure adjointe d’histoire à Bowdoin College (États-Unis). Ses travaux se concentrent sur l’histoire de France au XVIIIe siècle, notamment l’histoire culturelle, l’histoire des sciences et de la médecine, et l’histoire des femmes et du genre. Au cours de son Fellowship USIAS, Meghan Roberts sera accueillie par la professeure Isabelle Laboulais au sein de l’unité Société, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE), et travaillera à son deuxième livre, Health Wars: Making and Breaking Medical Authority in France, 1730-1820.

La professeure Roberts est titulaire d’une licence du College of William and Mary et d’un doctorat de la Northwestern University (États-Unis), avec lequel elle a gagné le prix de la meilleure thèse au sein du département d’histoire. Elle travaille à Bowdoin College depuis sa soutenance de thèse en 2011. Son premier livre, Sentimental Savants: Philosophical Families in Enlightenment France, a été publié par University of Chicago Press en 2016. Il examine l’invention de la nouvelle figure publique qu’est le savant, dont la vie domestique (apparemment) idyllique a enrichi le travail intellectuel et facilité les collaborations scientifiques.

Elle a également publié des articles scientifiques dans les revues French Historical Studies, The Journal of Women’s History, Eighteenth-Century Studies et The Journal of Modern History, ainsi que des essais pour un plus vaste public dans Slate, Notches: (re)marks on the history of sexuality, le Harvard Contagion Project et Age of Revolutions.

Elle a reçu de nombreuses bourses pour ses recherches, y compris une bourse pluriannuelle Jacob K. Javits du ministère de l’Éducation américain, une bourse Millstone de la Western Society for French History, une Presidential Fellowship de la Northwestern Society of Fellows ainsi qu’une bourse de recherche Franklin de l’American Philosophical Society

Fellowship 2023

Dates - 01/09/2023-30/06/2024

Résumé du projet

LES GUERRES DE LA SANTÉ : FAIRE ET DÉFAIRE L’AUTORITÉ MÉDICALE EN FRANCE, 1730-1820

La sphère publique française du XVIIIe siècle est très connue comme lieu de naissance d’un public de plus en plus large, curieux et assuré de l’importance de ses opinions, nourri par une croissance vertigineuse du nombre de livres et de journaux. Les praticiens de santé ont saisi avec zèle les opportunités créées par ces changements, adressant des publications et des cours directement à ce vaste et nouveau public. Or malgré leurs efforts, ils ont souvent été attaqués, voire accusés de charlatanisme. Ces combats autour de l’autorité médicale montrent pourquoi celle-ci est tellement précaire et pourquoi les efforts d’amélioration de la santé publique sont si souvent ardus et contestés.  

Lorsque les praticiens de santé ont essayé d’exercer leur expertise dans la sphère publique, ils se sont trouvés sur des fondations instables. Ils disposaient de leurs diplômes et de leurs connaissances de spécialistes, mais tout cela n’a pas suffi : ils avaient également besoin d’établir une autorité publique et de capturer l’attention, et ils ont développé de nombreuses stratégies pour y parvenir. Ils se sont présentés comme des héros en plein combat contre les maladies et l’ignorance. Ils ont testé de nouveaux traitements, y compris la vaccination contre la petite vérole, sur les corps des orphelins et des esclaves, afin de développer une base de données qui pourrait rendre plus convaincants leurs conseils aux patients plus privilégiés. Ils ont publié des articles à sensation pour faire face à une importante concurrence sur le marché de la presse écrite, tout en dénonçant ceux qu'ils considéraient comme des charlatans.

Certaines de ces histoires choquantes ont pathologisé les corps africains, valorisant implicitement la blanchité comme preuve d’autorité intellectuelle. En outre, les praticiens ont expérimenté différentes formes de masculinité : le médecin suave et mondain, le praticien colonial qui a sacrifié sa propre santé pour développer ses savoirs, le chirurgien combatif toujours en garde pour défendre son terrain. L’engagement du public à travers les médias n’a pas simplement reflété de nouvelles normes du genre et de la race ; il les a activement façonnées. 

Chaque chapitre des Guerres de la santé se focalise sur une étude de cas spécifique, chacune étant située dans des espaces très différents : des villes provinciales comme Rouen et Strasbourg, des colonies (y compris la Guyane, l’île de France et Saint-Domingue) et Paris. En traversant l’empire bi-océanique et les provinces de l’Hexagone, ce projet montre la place centrale de la médecine dans la sphère publique au XVIIIe siècle et raconte les histoires entremêlées de l’empire français et des Lumières.

France 2030