Université de Strasbourg

João Marques

Biographie

Département de biochimie et d'immunologie, université fédérale du Minas Gerais, Brésil & Fellow USIAS dans l'unité de recherche Modèles Insectes d'Immunité Innée (M3I), université de Strasbourg et CNRS

João Marques, USIAS Fellow 2019

Le Dr. João Trindade Marques a obtenu son doctorat en 2002 à l’université fédérale du Minas Gerais (Brésil) pour ses travaux sur l’interaction entre les virus et la réponse immunitaire de leurs hôtes. Le Dr. Marques a ensuite occupé le poste de chercheur postdoctoral à la Cleveland Clinic (États-Unis), au sein du laboratoire du professeur Bryan R. G. Williams, connu pour sa découverte de la protéine kinase R (PKR), une kinase activée par l’ARN double brin (ARNdb). Au cours de cette période, il a travaillé sur la reconnaissance de l’ARNdb et sur les voies de signalisation activées par les virus lors de l’infection chez les mammifères. L’utilisation de l’ARN interférence dans les recherches et la thérapeutique étaient un domaine en pleine expansion, et le Dr. Marques a abondamment travaillé à identifier des moyens de minimiser les effets non spécifiques de l’ARN double brin synthétique sur les cellules de mammifères. En 2006, son intérêt pour l’ARN interférence l’a mené à rejoindre le laboratoire du professeur Richard Carthew à l’université Northwestern (États-Unis). Il y a utilisé le modèle Drosophila melanogaster afin de caractériser le mécanisme de l’ARN interférence, en particulier en réponse à l’infection virale.

En 2010, João Marques a rejoint le département de biochimie et d’immunologie de l’université fédérale du Minas Gerais, en y créant un groupe de recherche consacré à l’immunité antivirale chez les insectes. Son domaine principal de recherche concerne les réponses immunitaires antivirales chez les insectes vecteurs, comme le moustique Aedes aegypti, qui transmettent des virus humains comme la dengue et Zika. Tout au long de sa carrière, le Dr. Marques a publié dans diverses revues scientifiques de renom, dont Nature Biotechnology, Nature Structural and Molecular Biology, Nature Microbiology et Nucleic Acids Research. Deux prix lui ont été décernés pour ses travaux par l’International Society of Interferon and Cytokine Research : le prix Milstein Young Investigator en 2005 et le prix Boltzmann en 2008. Il a également été élu membre de la Brazilian Academy of Sciences en 2010 et de la World Academy of Sciences (TWAS) en 2013.

Projet - Les bases moléculaires de la résistance antivirale naturelle au virus de la dengue et au virus Zika chez les moustiques Aedes aegypti

01/12/2019 - 30/11/2023

Les virus transmis par des vecteurs arthropodes (arbovirus) comme la dengue et Zika posent un problème majeur de santé publique dans le monde. L’incidence de la dengue a été multipliée à elle seule par 30 au cours des 50 dernières années et 400 millions de nouvelles infections sont déclarées annuellement. Nous manquons de vaccins et de traitements efficaces contre les virus transmis par les moustiques et la plupart des mesures de santé publique sont fondées sur le contrôle de la population de vecteurs. Bien que les moustiques jouent un rôle central dans la transmission de ces virus, l’efficacité et l’impact du contrôle des vecteurs demeurent incertains. Dans ce contexte, les moustiques disposent d’une résistance antivirale naturelle qui pourrait être explorée afin de prévenir la transmission des arbovirus.

L’objectif principal de ce projet est de caractériser les mécanismes requis par la résistance au virus de la dengue et au virus Zika chez les moustiques. Bien que des découvertes majeures aient été réalisées en matière de compréhension de la résistance au parasite de la malaria chez le moustique Anopheles, ainsi que des mécanismes de la défense antivirale chez la mouche des fruits Drosophila melanogaster, les études chez les moustiques Aedes sont encore peu développées. Les études décrivant les mécanismes impliqués dans le contrôle des infections par arbovirus chez le moustique Aedes se sont principalement fondées sur trois stratégies : (i) les mécanismes décrits précédemment chez d’autres organismes comme la mouche des fruits Drosophila melanogaster ; (ii) les voies dont la transcription est régulée par l’infection et (iii) une sélection impartiale à l’aide de lignées de cellules. Celles-ci ont mené à des découvertes importantes, mais toutefois limitées par des analyses biaisées (conservant des mécanismes et des voies exigeant la régulation au niveau transcriptionnel), ou auxquelles manquait le contexte in vivo (études sur des lignées de cellules). Par conséquent, nous ne comprenons pas encore les bases des mécanismes moléculaires de la résistance des moustiques à l’infection virale.

Ce projet propose une approche unique et audacieuse permettant de dépasser ces limitations en analysant les mécanismes entraînant la résistance antivirale naturelle chez le moustique adulte, indépendamment de la conservation ou de la régulation transcriptionnelle. Nos résultats préliminaires suggèrent que le complexe I de la chaîne respiratoire régule la résistance au virus de la dengue, un domaine encore inexploré des mécanismes antiviraux. Par conséquent, notre approche spécifique présente de grandes probabilités d’aboutir à des découvertes véritablement révolutionnaires, qui pourraient contribuer à apporter des solutions au problème croissant des virus transmis par les moustiques. Sur le long terme, une compréhension claire de la résistance antivirale représente un grand pas vers l’élaboration de stratégies permettant de moduler la transmission des arbovirus.

Durant son Fellowship, João Marques sera hébergé par le professeur Jean-Luc Imler au sein de l’unité de recherche Modèles insectes d'immunité innée (M3I) de l’université de Strasbourg.

Biographie post-doc - Roenick P. Olmo

Modèles Insectes d'Immunité Innée (M3I), université de Strasbourg & CNRS

Roenick P. OlmoLe Dr. Roenick P. Olmo a obtenu son doctorat en bioinformatique à l'université fédérale du Minas Gerais (Belo Horizonte, Brésil) en 2015, où il a été encadré par le professeur João T. Marques. Au cours de son doctorat et de ses premières recherches postdoctorales, il a employé une association innovante de biologie moléculaire, de virologie et de bioinformatique afin d’étudier l'immunité antivirale innée des moustiques. Ses travaux ont principalement porté sur la compréhension de la manière dont les moustiques Aedes limitent les infections par le virus de la dengue. L’une des réalisations essentielles de cette période a été la caractérisation d'un gène unique spécifique aux Aedes, nommé loqs2, dont l'expression ectopique dans l'intestin des moustiques a rendu ces derniers résistants aux infections par le virus de la dengue et le virus Zika.

Sur cette base, le Dr. Olmo a entamé une deuxième expérience postdoctorale au sein de l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire (IBMC) de Strasbourg, où il a continué à travailler sous la direction du professeur Marques et du Dr. Éric Marois. Ses recherches se sont concentrées sur le développement d'outils de pointe pour la transgenèse et l'édition de gènes chez les moustiques Aedes. Au cours de cette période, Roenick Olmo et ses collègues ont fait des découvertes pionnières dans le domaine des virus spécifiques aux insectes. Leurs recherches ont révélé que certains de ces virus, lorsqu'ils coinfectent des moustiques avec le virus de la dengue ou Zika, peuvent faciliter la transmission de ces arbovirus. Ses travaux ont mis en évidence le rôle de deux virus spécifiques aux insectes, le Phasi Charoen-like virus (PCLV) et le Humaita-Tubiacanga virus (HTV), dans l'accélération de la transmission des virus de la dengue et Zika par les moustiques Aedes aegypti. Cette révélation a de profondes implications au niveau mondial, puisqu’elle a le potentiel d’impacter significativement la gravité et la propagation des épidémies dans le monde entier.

Le Dr. Olmo a participé à ce projet USIAS de janvier à septembre 2023, et reste engagé dans le développement de la recherche de pointe sur les moustiques au sein de l'équipe du professeur Marques. Ses projets en cours visent à mettre en lumière les mécanismes moléculaires complexes qui sous-tendent la résistance naturelle aux infections virales chez les moustiques Aedes. Ses travaux se situent à la pointe de l'innovation scientifique et promettent de remodeler notre compréhension des maladies transmises par les moustiques, ainsi que de contribuer à l'élaboration de stratégies de contrôle et de prévention de ces maladies.

Biographie post-doc - Fabien Aubry

Modèles Insectes d'Immunité Innée (M3I), université de Strasbourg et CNRS

Fabien Aubry

Fabien Aubry a obtenu son doctorat en pathologie humaine et maladies infectieuses en 2014 à l’université Aix-Marseille (France), sous la supervision du professeur Xavier de Lamballerie. Durant sa thèse, il s’est intéressé aux virus pathogènes pour l’humain et ayant pour vecteur les arthropodes (arbovirus). Au cours de ces années, il a étudié l’impact d’un nouveau mécanisme d’atténuation virale basé sur le ré-encodage aléatoire des codons sur le phénotype et la stabilité génétique de plusieurs arbovirus. Il a également développé un nouveau système de génétique inverse permettant de générer simplement et rapidement des virus infectieux sauvages et atténués.

En 2017, il a rejoint l’équipe du Dr Louis Lambrechts à l’Institut Pasteur de Paris afin d’étudier les facteurs favorisant l’émergence des arbovirus dans la population humaine, en s’intéressant plus spécifiquement aux interactions entre le moustique Aedes aegypti et le virus Zika. Ses travaux ont permis d’identifier l’un de ces facteurs en montrant que la spécialisation humaine d'Aedes aegypti et l'expansion de son aire de répartition en dehors de l'Afrique ont été accompagnées d'une augmentation de sa capacité intrinsèque à acquérir et à transmettre le virus Zika, ce qui a pu favorisé son émergence dans le Pacifique et les Amériques.

Il a rejoint l’unité de recherche Modèles insectes d'immunité innée (M3I) de l’université de Strasbourg dans le cadre du projet USIAS, afin de travailler avec le Dr. João Trindade Marques de novembre 2020 à octobre 2021.

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