Université de Strasbourg

Ada Bronowski

Biographie

Département de philosophie, New College of the Humanities, Londres, Royaume-Uni & Fellow USIAS, Dynamiques Européennes (DynamE), université de Strasbourg et CNRS

Ada Bronowski, USIAS Fellow 2019

Après avoir obtenu une licence en lettres classiques à la Sorbonne, Ada Bronowski a continué ses études à l’université d’Oxford, où elle a obtenu son doctorat en philosophie, effectué sous la supervision des professeurs Michael Frede et Jonathan Barnes, sur le thème de la métaphysique et de la philosophie du langage dans le stoïcisme. Elle a ensuite enseigné la philosophie antique au Queen’s College d’Oxford, avant d’occuper un poste d’enseignante-chercheuse au New College of Humanities de Londres. Elle a reçu des bourses de la Sydney Foundation of Science (Australie) et du Warburg Institute de Londres.

Dans le domaine de la philosophie antique, Ada Bronowski est spécialiste de la logique post-aristotélicienne, du langage ainsi que de l’ontologie. Elle se concentre plus spécifiquement sur la relation entre les théories hellénistique, Platon et Aristote. Elle est l’autrice d’une monographie sur la logique et la métaphysique stoïciennes parue en 2019 chez Oxford University Press, intitulée The Stoics on Lekta: All There Is to Say, ainsi que d’un ouvrage collectif sur la lettre philosophique à travers les âges (à paraître chez Bloomsbury en 2020), intitulé Dear Friend, You Must Change Your Life.

Projet - Les origines non matérielles du matérialisme (NOMAT)

01/09/2019 - 31/12/2020

Le projet de recherche couvre deux moments charnières de la philosophie antique : quand la notion de corps se constitue chez les philosophes hellénistiques et, quand ces derniers commencent à être considérés comme matérialistes, chez les penseurs romains de la fin de la République et tout au long de l’époque impériale. On y interroge ainsi la notion de matérialisme, en faisant une découverte surprenante, à savoir que les philosophes que l’histoire de la philosophie jusqu’à nos jours a pour habitude d’appeler « matérialistes », considérés comme les fondateurs du matérialisme, notamment les Atomistes présocratiques et les Hellénistiques (en particulier les Stoïciens et les Épicuriens), ne sont pas matérialistes. C’est l’historiographie ancienne de la philosophie grecque  qui construit, à travers les travaux de commentateurs et les polémiques de l’Antiquité tardive avec les héritiers des écoles grecques, la notion d’un matérialisme grec dont l’époque moderne a hérité. 

Les contributions saillantes du projet sont, d’une part, l’analyse du développement du concept de corps des Présocratiques aux Hellénistiques comme le fruit d’une réflexion centrée, en fait, sur la place du non-matériel (le vide, lekta, limites) dans le monde sensible, en suivant l’évolution d’un débat critique et constructif entre Platon et ses prédécesseurs d’abord, puis entre les Hellénistiques et Platon. On suivra, d’autre part, les étapes de la construction de la notion de matérialisme sur fond de réception de ces débats grecs, chez les philosophes romains et les commentateurs d’Aristote et de Platon de l’Antiquité tardive. Il en ressort une notion dépréciative du matérialisme en faveur d’une valorisation de l’idéalisme d’origine platonicienne. Le corps théorisé par les Hellénistiques, à partir d’analyses aussi bien éthiques que géometrico-physiques, est dès lors le corps que les Pères de l’Église remodèleront comme ce qu’il y a à martyriser au nom du salut de l’âme, dans une surinterprétation (et condamnation) chrétienne du matérialisme.

Durant son fellowship, Ada Bronowski sera hébergée par le professeur David Le Breton au sein de l’unité de recherche Dynamiques Européennes (DynamE) de l’université de Strasbourg.

France 2030