Colloque : Nietzsche philologue et philosophe
Depuis quelques années, de nouveaux travaux prennent en compte de manière significative non seulement la relation de Nietzsche aux Grecs, mais encore son activité de « philologue professionnel », telle qu'il l'a exercée comme Professor der klassischen Philologie à l'université de Bâle entre 1869 et 1879, poste auquel il avait été appelé à 24 ans, avant même d'avoir passé un doctorat. Trop brillant pour être longtemps enfermé dans les cadres académiques, Nietzsche n'en a pas moins été un philologue à part entière, avec toute l'exigence scientifique – et ingrate, voire poussiéreuse – que recèle ce terme, même dans la perspective d'une refondation nietzschéenne. Le coup d'éclat de La naissance de la tragédie a rejeté dans l'ombre les quelques textes de philologie pure qu'il avait publiés, ainsi que les cours et notes de son activité de professeur, qui révèlent sa compétence scientifique et sa connaissance de l'Antiquité. Tous ces textes mettent en lumière la relation insigne qui s'exprime derrière « Nietzsche et les Grecs » : alors que tous les philosophes ont développé peu ou prou une interprétation des Grecs, seul Nietzsche est pour ainsi dire un philosophe né d'un philologue de l'Antiquité.
Après une introduction sur les relations complexes de la philologie et de la philosophie dans le « cas Nietzsche » à la lumière de leurs relations heureuses ou conflictuelles dans l'Antiquité elle-même, le colloque parcourra des thèmes tant philosophiques que philologiques, où s'expriment à la fois la profondeur et la compétence scientifique d'une figure flamboyante de l'histoire de la philosophie.
