Université de Strasbourg

Séminaire Fellows – Poésie d’invective et politique sociale de la Grèce archaïque

Le 9 février 2021
De 15h30 à 17h00
Wébinaire

Par Kirk Ormand, Fellow 2020

Les 7e et 6e siècles avant notre ère étaient pour la Grèce une époque de grands changements sociaux et politiques. Au cours de cette période, nous constatons l’essor des cités-États grecques (poleis) et, avec l’avènement de l’alphabétisation, les premiers textes de droit écrits. C’est également le moment où se développe la notion de citoyenneté, et avec elle de nouvelles restrictions importantes quant aux pratiques du mariage, des relations sexuelles extra-conjugales et des héritages familiaux.

Cet environnement politique en mutation constitue la toile de fond de l’émergence de la poésie « lyrique » grecque, principalement connue pour ses descriptions du désir érotique, de dîners aristocratiques et de déclarations élitistes quant à la valeur sociale héritée. C’est toutefois dans ce domaine qu’émerge un sous-genre, celui de la poésie « iambique » ou de l’invective, dans laquelle l’orateur lance une attaque narrative implacable contre un rival politique ou social. Les plus connus de ces poètes de l’invective sont Archiloque de Paros, Hipponax d’Éphèse et Sémonide d’Amorgos. Il n’est pas fortuit que ces poètes se positionnent eux-mêmes dans leur poèmes comme anti-aristocratiques (quelle que soit leur position sociale effective). En effet, ils appartiennent à un sous-groupe de poètes que Leslie Kurke et Ian Morris ont identifiés comme défenseurs d’une esthétique « moyenne ».

Je présenterai un bref aperçu des traditions biographiques concernant Archiloque et Hipponax en tant que poètes de l'invective, puis me tournerai vers quelques exemples spécifiques de leur poésie. J’espère tout particulièrement montrer qu’ils se positionnent eux-mêmes en tant que critiques de l’élite, au sein de la tradition élitiste de la poésie archaïque.

 

France 2030