Université de Strasbourg

Séminaire Fellows – La résistance antivirale naturelle au virus de la dengue et au virus Zika

Le 2 décembre 2021
De 15h30 à 17h00
Strasbourg (FR)

Image : Pixabay

Les bases moléculaires de la résistance antivirale naturelle au virus de la dengue et au virus Zika chez le moustique Aedes aegypti

Par João Marques, Fellow 2019

Les épidémies virales font l’objet d’une attention croissante en raison de la pandémie COVID-19, mais le SARS-CoV-2 n’est pas le seul virus menaçant les humains à l’échelle mondiale. Zika (ZIKV) et la dengue (DENV) sont des virus transmis par les arthropodes appartenant à la famille des Flaviviridae et transmis par les moustiques Aedes, en particulier Aedes aegypti. Nous estimons que 390 millions de personnes sont infectées par la dengue chaque année dans le monde, parmi lesquelles environ 100 millions développent la maladie. La dengue est considérée par l’Organisation mondiale de la santé comme la maladie virale transmise par les moustiques la plus préoccupante au niveau mondial. À ce jour, nous ne connaissons aucun traitement ou vaccin efficace contre ces virus, et les stratégies de limitation de la propagation de l’infection reposent principalement sur la prévention et le contrôle des vecteurs. Pire encore, les infections par des virus portés par les moustiques augmentent rapidement en raison du changement climatique et de l’urbanisation. En outre, avec le COVID-19, il est possible que de nouveaux virus portés par les moustiques émergent et engendrent des pandémies mondiales. Par conséquent, nous avons de toute urgence besoin de nouveaux outils de prévention et de contrôle de la propagation des virus transmis par les moustiques.

Notre laboratoire se concentre sur l’identification et la caractérisation des virus circulant chez les moustiques, et la compréhension des facteurs affectant leur transmission aux humains. Nous avons récemment organisé une surveillance mondiale des moustiques Aedes sauvages, qui a mené à l’identification de plusieurs nouveaux virus. De façon intéressante, nous avons noté que les plus abondants parmi ces virus étaient spécifiques aux insectes et n’infectaient donc pas les humains. Toutefois, nous avons identifié des interactions positives entre deux des virus spécifiques aux insectes - le virus Phasi-Charoen-like (PCLV) et le virus Humaita Tubiacanga (HTV) - avec la dengue et le virus Zika chez les moustiques sauvages. Dans notre laboratoire, nous avons démontré que le HTV et le PCLV affectent directement la capacité des moustiques Aedes aegypti à transmettre le virus de la dengue et le virus Zika en modulant l’expression de facteurs proviraux. Notre étude met en lumière la complexité de la transmission des virus par les moustiques en milieu naturel, et offre une base d’élaboration de nouvelles stratégies de contrôle.

France 2030