Université de Strasbourg

Conférence - Interactions entre êtres humains : évaluations sociales par les singes capucins

Le 21 novembre 2016
De 14h00 à 16h00
Amphithéâtre Lagache, Faculté de Psychologie, Strasbourg

Par James R. Anderson, professeur de psychologie à l’université de Kyoto.

La conférence sera donnée en français.

Inscription via ce lien.

Des études récentes ont mis en évidence chez des espèces de primates non humains des éventuels précurseurs de nos sens de l’empathie et de la moralité. Par exemple, des singes capucins sont moins aptes à interagir avec un acteur humain qui refuse systématiquement d’en aider un autre.  De façon semblable, ces singes sont capables de détecter la réciprocité ou la non-réciprocité au sein d’un échange de biens entre tiers. Ils discriminent entre un acteur humain qui effectue un échange équitable avec un tiers et un acteur qui ne respecte pas la réciprocité de l’échange, et ils sont significativement moins prêts à accepter de la nourriture de l’acteur non réciproque. Ces résultats sont en accord avec l’hypothèse d’un processus de comptabilité émotionnelle, par laquelle le témoignage d’actes antisociaux répétés induit une évaluation négative du personnage antisocial.

Plus récemment, nous avons essayé de mieux identifier l’un des états affectifs ou des émotions impliqués dans ces évaluations sociales. A cette fin, deux acteurs procèdent à un échange équitable ou non, après lequel l’un des deux commence à transférer des morceaux de nourriture vers le singe. Dans cette situation de délai de gratification, le singe peut commencer à manger la nourriture à n’importe quel moment, mais cet acte termine le transfert. Par conséquent, pour maximiser la quantité de nourriture obtenue, le singe doit attendre pendant que la nourriture s’accumule. Les résultats montrent que les singes sont moins aptes à attendre lorsque la nourriture est transférée par un acteur non réciproque. Cette tendance « impulsive » se manifeste surtout lorsque le singe ignore la quantité totale de nourriture potentiellement disponible, c’est-à-dire dans une situation d’incertitude.  Ces résultats rappellent ce que font les jeunes enfants dans une situation comparable. Nous en concluons que la non-réciprocité d’un tiers induit la méfiance chez les singes capucins, et que les chercheurs devraient s’intéresser aux divers mécanismes sous-tendant les évaluations sociales chez d’autres espèces.

Crédit photo: WikiVillage.co.za

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