Université de Strasbourg

Colloque - La méta-gouvernance dans l'enseignement supérieur et la recherche en Europe

Le 10 octobre 2014
À 09h30
European Science Foundation, Strasbourg

Il ne fait aucun doute que l’enseignement supérieur et la recherche en Europe subissent actuellement d’importantes pressions en matière de gouvernance. Une évolution en direction de la « gouvernance de la gouvernance » s’est produite : une extension de la gouvernance sociétale au-delà des instruments politiques traditionnels, incluant de nouvelles formes institutionnelles qui fixent les règles et exercent des effets de classement sur le secteur. Ce colloque cherche à explorer la problématique de la méta-gouvernance ainsi que son impact sur la recherche et l’enseignement supérieur.

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o    Intervenants
o    Affiche


L’enseignement supérieur et la recherche en Europe subissent actuellement d’importantes pressions en matière de gouvernance. Les programmes nationaux d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche sont dans de nombreux cas amplifiés par les régimes de gouvernance au niveau européen comme le processus de Bologne. Bien qu'elles se concentrent normalement sur les résultats, les pratiques d’évaluation ont un impact indéniable sur la manière dont le travail scientifique est conceptualisé et mis en œuvre. De même, les notions d’apprentissage et de compétences dans les programmes d’enseignement sont influencées par les critères utilisés dans l’évaluation de l’enseignement supérieur.

On remarque également une tendance grandissante à traduire les pratiques et critères utilisés par les scientifiques dans le but de promouvoir des objectifs épistémiques (par exemple la création de connaissances) dans les critères d’évaluation, et vice versa. Un exemple concret de ce phénomène est la transformation de l'internationalisme : de valeur épistémique, il est devenu un objectif en soi pour la gestion de la recherche, l’évolution des carrières et la qualité de l’enseignement supérieur. Un autre exemple est la refonte de l’excellence, un critère d’évaluation post hoc basé sur des standards épistémiques locaux et tacites en sciences qui a évolué en un ensemble d’indicateurs ex ante plus généralisés qui peuvent être appliqués « sans discrimination » dans tous les domaines.

Si l'on considère la gouvernance comme le pilotage ou le contrôle d’une activité dans le but d’atteindre des objectifs spécifiques, nous pouvons postuler que l’enseignement supérieur et la recherche sont sujets à au moins deux formes de gouvernance. La première comprend les pratiques et les standards appliqués par les professionnels (chercheurs et enseignants) pour atteindre des objectifs tels que des connaissances ou des enseignements valides (gouvernance épistémique). La seconde inclut les pratiques employées par les décideurs politiques et les régulateurs afin de garantir que la recherche et l’enseignement correspondent aux besoins de la société (gouvernance sociétale). Ces formes de gouvernance coexistent mais la nature de cette coexistence et ses effets demeurent obscurs. Les acteurs principaux des processus de gouvernance ont des besoins, des intérêts et des attentes différents. Même si les scientifiques et les décideurs politiques partagent une vision de la science au service de la société, leurs vues peuvent diverger quant aux intérêts et aux résultats qu’ils considèrent nécessaires à la réalisation de cet engagement commun.

La reconnaissance de cette problématique par la communauté politique a mené à un changement en direction de la « gouvernance de la gouvernance » dans l’enseignement supérieur et la recherche. Nous entendons par ce terme une extension de la gouvernance sociétale au-delà des instruments politiques traditionnels, incluant de nouvelles formes institutionnelles qui fixent les règles et exercent des effets de classement sur le secteur. Par exemple, ce sont les universités qui choisissent de répondre ou non aux questionnaires de classement, mais, lorsqu'elles le font, elles peuvent bénéficier de ressources supplémentaires. Ce colloque cherche à explorer la problématique de la méta-gouvernance ainsi que son impact sur la recherche et l’enseignement supérieur, et à aborder les questions suivantes :

  • Comment les pratiques de gouvernance affectent-elles les structures de pouvoir existant dans le monde académique ?
  • Les critères comme l’internationalisation promeuvent-ils une standardisation de la science et des politiques scientifiques ?
  • Comment la mobilité est-elle répartie entre les différents contextes scientifiques (nationaux et disciplinaires), y a-t-il des gagnants et des perdants ?
  • Comment les impératifs tels que le processus de Bologne et l’Espace européen de la recherche sont-ils motivés et exploités, et quel est leur impact sur le contexte national ?
France 2030