Université de Strasbourg

Deux nouveaux ouvrages de David Le Breton

08 janvier 2025

David Le Breton, Chaire d’Anthropologie des mondes contemporains à l’Institut des études avancées (USIAS) et professeur émérite de sociologie et d’anthropologie à l’université de Strasbourg, vient de publier deux nouveaux ouvrages.

Les recherches du professeur Le Breton se focalisent sur les représentations du corps humain ainsi que l’analyse des comportements à risque. Il a en outre travaillé et écrit sur des thèmes comme la douleur, le silence et le visage. Ajoutant encore à la liste impressionnante de ses publications (une quarantaine), deux ouvrages ont été publiés en 2024 sous les auspices des éditions Métailié :

Cicatrices. L’existence dans la peau

Les cicatrices participent à la géographie singulière de la peau. Déjà le nombril : la blessure des origines qui détache l’enfant de sa mère pour le livrer à son existence propre. Une cicatrice cristallise un moment de heurt avec le monde, elle est dans la peau comme un hiéroglyphe dont seul connait le sens la personne qui la porte en elle. D’une marque à l’autre s’esquisse une biographie sensible. Les cicatrices sont d’abord des significations, elles incarnent une valeur qui dépend de leur interprétation par leurs porteurs selon leur histoire de vie, des circonstances de leur survenue. Celles valorisées des uns sont répugnantes pour les autres. Certaines sont indifférentes, oubliées, sans histoire, sans incidence sur le sentiment de soi ou la vie quotidienne. L’auteur aborde les cicatrices sous des angles variés : cicatrices de scarifications adolescentes, de tortures, séquelles d’attentats ou d’accidents, cicatrices des femmes qui refusent une reconstruction mammaire après une ablation des seins… Toute cicatrice est une plongée dans l’intimité d’une histoire de vie.

La fin de la conversation ? La parole dans une société spectrale

Le smartphone a introduit au sein du lien social, dans le monde entier, un avant et un après son usage. En une quinzaine d’années, la banalisation de son recours a opéré une transformation inouïe du rapport au monde et aux autres sur la planète entière. La communication, c’est-à-dire l’interposition de l’écran dans la relation à autrui, la distance, l’absence physique, une attention distraite, flottante… prend le pas sur l’épaisseur sensible du monde. Utilitaire, efficace, elle appelle une réponse immédiate ou des justifications ultérieures car elle exige une disponibilité absolue qui induit par ailleurs le sentiment que tout va trop vite, que l’on n’a plus de temps à soi. À tout moment une notification, un appel, un message somme l’individu à une réponse sans retard qui maintient une vigilance sans relâche.  A l’inverse, la conversation relève souvent de la gratuité, de la flânerie, de la rencontre, elle est une parole partagée. Il s’agit seulement d’être ensemble en toute conscience et de dialoguer en prenant son temps. Si la communication fait disparaitre le corps, le silence, l’attention à l’autre, la conversation sollicite une mutuelle présence, une attention au visage de l’autre, à ses mimiques et à la tonalité de son regard.

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