Université de Strasbourg

Colloque - Corps, religion et diversité

Du 30 septembre 2015 au 1 octobre 2015

Organisé en collaboration avec l’UMR DRES et le programme MISHA « (dé)constructions du communautarisme religieux », par Lionel Obadia (Fellow USIAS 2014), (Re)penser la religion au pluriel.


Salle de conférence, MISHA

5, allée du Général Rouvillois, Strasbourg


Se manifestant de nouveau désormais dans tous les secteurs des sociétés contemporaines, sous des formes très visibles ou au contraire plus discrètes, le religieux s’invite dans plusieurs registres et sur des échelles  différenciées qui vont du microscopique des sujets individuels et des espaces privés qu’ils occupent, au macroscopique des règles de droit à l’échelle des pays ou de l’Europe entière en matière religieuse.

Comme d’autres questions de société, et qu’on le considère comme le site où s’expriment les revendications renouvelées des religions, ou encore comme celui où s’expérimentent de nouvelles formes de spiritualité, le corps semble échapper à la voie de la sécularisation. En effet, le corps – ce topos anthropologique travaillé par l’histoire, les mutations sociales et culturelles et particulièrement discuté depuis un demi-siècle - demeure, plus que jamais, l’objet (organique, mécanique et sensuel) via lequel se lisent, voire s’opèrent directement, les mutations des normes sociales, idéologiques et religieuses et la thématique (une approche du religieux par le biologique, le charnel ou le sensible).  

Qu’il s’agisse d’alimentation, d’inscription de la religion dans le corps (i.e. tatouages, scarifications, circoncision...) ou dans le vêtement, de décisions concernant la santé (euthanasie ou bioéthique) ou la sexualité, toutes les religions formulent régulièrement interdictions, recommandations et prescriptions. De même, les acteurs individuels réinventent le religieux en lui donnant des formes, des expressions, des modulations particulières... Étudier le religieux par l’intermédiaire du corps a déjà donné lieu à des investigations larges et variées, notamment empiriques, centrées sur les usages. Par contre, l’étude du corps dans le religieux, à partir des  textes cette fois, est longtemps demeurée l’apanage des spécialistes de l’Antiquité, du Moyen-Âge ou des religions dans la profondeur de l’histoire.

Peu a été fait dans le domaine des approches du corps dans les textes et communications religieux contemporains. Ces discours religieux sur le corps représentent un corpus littéraire important, mais loin d’être homogène : il diffère évidemment selon les religions, mais il varie également, au sein d’une même religion, selon le lieu ou l’époque. Ainsi, notre époque valorise-t-elle le bien-être, le soin de soi, le care : qu’advient-il dans ce contexte de l’intérêt chrétien pour la mortification? Quelle est la part du religieux dans les encouragements à des pratiques visant à « détoxifier » ou à « purifier »? Comment se joue l’idéologie du sain et du malade dans le discours de certains groupes religieux sur le tabac ou sur l’homosexualité ? En quoi ces tendances révèlent-elles l’essor de nouvelles normes ou de nouveaux standards de pensée et  d’action portés par les doctrines des religions? Ou comment, à l’inverse, les religions sont-elles impactées par de nouvelles tendances culturelles et de nouvelles idéologies du soi et du soin, qui marquent de leur empreinte les cadres idéologiques et juridiques  des religions ?

Il ne s’agit là que de quelques exemples qui viendront nourrir, parmi d’autres, la thématique de ce colloque qui s’intéresse aux évolutions contemporaines du discours religieux sur le corps.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Lionel Obadia, lobadia [at] unistra.fr

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